La commune de Fleurus séduite par le chaux-chanvre
Jugés trop vétustes et trop énergivores, les anciens bâtiments de travaux publics de Fleurus ont été démolis pour faire place à un nouveau complexe en L. Le squelette des futurs bureaux est en ossature de poteaux poutres en béton armé. Les vides de cette structure sont comblés par deux épaisseurs de blocs de chaux-chanvre Isohemp. Une solution plutôt rare parmi les projets publics, défendue à bras le corps par Grégory Webber, l’architecte d’Igretec (Intercommunale pour la gestion et la réalisation d’études techniques et économiques).
D’où est venue l’idée d’utiliser le bloc de chaux-chanvre ?
Au départ, le client ne demandait pas de construire un bâtiment qui limiterait l’impact environnemental. C’était notre initiative de proposer un bâtiment dont une partie des matériaux présente un bilan environnemental intéressant. 18 Mais ce n’était pas notre seul argument ; on a fait comprendre au client que notre choix du bloc de chanvre était basé sur des critères techniques, notamment les qualités intrinsèques du matériau au point de vue thermique et hygrométrique. Surtout, au plan économique, c’était pertinent et en phase avec le budget du client, en comparaison avec d’autres techniques plus conventionnelles.
Quelles sont les spécificités de la technique choisie ?
Pour reprendre les efforts dus à la prise au vent, tous les blocs de la façade sont liaisonnés entre eux et ancrés dans l’ossature en béton par des rails d’ancrage et des pattes de fixation.
Quelle performance thermique atteint-on dans cette configuration ?
Nous avons posé 2 couches de blocs de 20 et 25 centimètres. Avec cette épaisseur totale de 45 cm de chanvre, nous atteignons un coefficient de résistance thermique de 6,5, soit une performance qui dépasse ce que la norme exige.
C’est un aboutissement pour vous d’avoir réussi à proposer cette technique ?
Ça fait des années que je connais le béton de chaux-chanvre qui séduit par ses caractéristiques techniques. Si en plus, on prend en compte le gain environnemental, ça devient génial ! J’ai toujours considéré qu’en tant qu’acteurs publics nous avons un devoir d’exemple vis-à-vis de la société. Être vertueux sur le plan environnemental, c’est très bien, faire bénéficier l’économie locale en plus, c’est aussi important.
Avez-vous dû convaincre les partenaires ?
Je vis cette expérience comme un vrai combat. La nature humaine étant ce qu’elle est, on est naturellement réticent à tout ce qui est innovant. Alors, le combat est mené sur plusieurs fronts : les clients, les entrepreneurs, les collègues et les confrères.
Quel a été le frein principal ?
Le plus grand frein vient de l’entreprise qui ne supporte pas de travailler avec des systèmes qu’elle ne connaît pas. On a fait face à de nombreuses petites difficultés à gérer, à peu près comme dans tous les chantiers et, avant même de chercher une solution, le réflexe était de dénigrer le produit en le jugeant inadapté. Finalement, avec un peu de réflexion et de proactivité, tout s’est bien passé et même les rendements de pose avaient l’air satisfaisant, même pour une 1ère expérience.
